Dans cet article, on s’attaque à LA question ultime et tabou : le coût d’une thérapie. Pour vous dire à quel point c’est tabou, même les psys n’en parlent souvent pas entre elleux !
Je vais donc vous donner quelques explications pour vous permettre de mieux comprendre ce qui se cache derrière le coût d’une séance de thérapie.
Mais, avant tout, je souhaite affirmer que, pour moi, les soins de santé psychique devraient pouvoir être pris en charge totalement par nos assurances. Il est absurde et révoltant que les personnes les plus minorisées, qui sont souvent les plus précarisées, n’aient pas les moyens d’aller voir un·e·x thérapeute quand ielxs en auraient besoin à cause des conséquences des maltraitances que notre société leur fait subir.
Parlons bien, parlons argent
Le coût d’une séance est souvent l’information à laquelle il est le plus difficile d’avoir accès. En effet, beaucoup de psys ne l’indiquent pas sur leur site. Tabou quand tu nous tiens, décidément…
Or, vous avez le droit de connaître ce paramètre pour pouvoir calculer si ça rentre dans votre budget, et ainsi anticiper la fréquence des séances que vous pouvez vous permettre.
N’hésitez donc pas à demander au·à la thérapeute qui vous intéresse quel est le prix de ses prestations, idéalement même avant de prendre un premier rendez-vous. Ça vous permettra de réfléchir tranquillement à votre budget et de prendre une décision pleinement éclairée.
Si lae psy ne vous donne pas cette information, demandez-lui aussi ce qui se passe si la séance dépasse la durée prévue, ou encore si ielx est amené·e·x à travailler sur votre situation en dehors des séances (par exemple pour passer un coup de téléphone ou rédiger un rapport). Là encore, vous avez le droit d’avoir accès à toutes les informations qui concernent votre future thérapie.
Money money money…
(Non, non, ne me remerciez pas d’avoir enclenché le mode disco de votre cerveau.)
Pour mieux comprendre le prix d’une séance de thérapie, regardons les frais qu’implique une activité de thérapeute :
- La formation universitaire et postgrade est longue et coûteuse ; par exemple en Suisse, la formation postgrade coûte dans les environs de 50’000-100’000.-, sur 4-5 ans en général (ça en fait des séances de thérapie pour rembourser tout ça…)
- Certaines écoles de formation exigent que les psys suivent leur propre thérapie personnelle, qu’ielxs paient souvent de leur poche ; après leur formation, beaucoup de psys maintiennent leur thérapie, en tout cas par moments, pour les aider dans leur activité et leur quotidien
- Après avoir obtenu leur titre, les thérapeutes doivent suivre un nombre conséquent d’heures de formation continue chaque année
- Les psys étant de bibliovores avéré·e·x·s, le budget livres pèse son poids
- La plupart des thérapeutes se font régulièrement superviser, c’est-à-dire qu’ielxs font appel à un·e·x collègue expérimenté·e·x pour présenter des situations complexes, pour s’assurer de faire du bon travail
- Les psys qui sont employé·e·x·s dans une structure doivent souvent lui reverser une partie (non négligeable) de leurs revenus
- Enfin, les frais de fonctionnement d’un cabinet de psy sont plus élevés qu’on ne le pense : assurances, loyer, téléphone et internet, etc.
Le juste prix
Le tarif d’une séance dépend donc de beaucoup de paramètres. Et d’autres s’y rajoutent encore ! En effet, chaque psy doit aussi tenir compte de ses frais personnels (loyer, assurances, nourriture, etc.), et planifier un certain nombre de semaines de vacances non-payées pour prendre soin de sa propre santé mentale.
Et je ne vous cache pas que nous sommes (souvent) des champion·ne·x·s toutes catégories du sacrifice… Je vous donne en exemple LE grand classique : nous fixons nos tarifs à un prix bas (voire très bas) pour permettre au plus grand nombre de personnes de venir nous consulter. C’est une intention très noble, mais mathématiquement eh bien ça implique de faire davantage de séances pour pouvoir vivre décemment.
Et, bien (trop) souvent, tout le monde souffre de cette situation : les psys s’épuisent en enchaînant les séances, la qualité de notre travail en pâtit inévitablement, et donc les personnes qui nous consultent ne peuvent pas bénéficier d’un accompagnement optimal.
Nous les psys sommes donc coincé·e·x·s entre de multiples injonctions : rendre nos prestations accessibles aux personnes précaires, pallier les graves manquements de notre système de santé et d’assurances en sacrifiant notre santé, et maintenir une excellente qualité des soins. De quoi devenir… révolté·e·x·s !
La liste des ingrédients
Après cet instant révolution, revenons à ce qui est compris dans le prix d’une séance de thérapie :
- La séance elle-même
- Le temps de rédaction des notes, pour bien tenir à jour le dossier
- Le temps de relecture des notes avant que vous arriviez, pour bien préparer la séance
- Le temps de réflexion sur votre situation
- L’investissement dans une séance de supervision voire dans une formation supplémentaire, si votre psy en a besoin pour s’assurer de vous suivre correctement.
Si les séances de thérapie sont évidemment toujours trop chères car elles devraient être intégralement prises en charge par les assurances, j’espère que cet article vous aura permis de jeter un œil dans les coulisses pour mieux comprendre ce qu’implique une thérapie.