Pourquoi les psys ne suivent pas les personnes qui se connaissent ?

Infos pratiques:

Résumé: Comprendre pourquoi il est délicat d'être suivi·e·x par lae même psy

Contenu sensible: thérapie ; avoir lae même psy

Mots-clés: choix queer relations thérapie

Une des grandes règles de la thérapie est qu’un·e·x psy ne suit pas des personnes qui se connaissent. Plutôt que de vous dire que c’est-comme-ça-et-pas-autrement, regardons pourquoi ce principe existe et comment on peut naviguer avec ça dans la (petite) communauté queer.

Cette règle a été fixée pour éviter d’éventuels conflits d’intérêts : imaginez par exemple que votre psy suive aussi votre ex avec laequel·le·x vous êtes en conflit ouvert. Il y a fort à parier que vous ne vous sentirez pas complètement à l’aise pour lui confier vos émotions, si vous vous demandez sans cesse ce que votre ex lui a raconté à votre propos.

Autre risque : si deux personnes accompagnées par lae même psy entrent en conflit et veulent travailler sur leur relation, alors lae thérapeute va avoir bien du mal à maintenir une position mesurée, en ayant accès aux deux versions de l’histoire.

Suivre deux personnes qui se connaissent bien nous fait aussi courir le risque que la thérapie ne soit plus « étanche », c’est-à-dire que lae psy ne sache par moment plus avec certitude quelle personne lui a confié une information précise. On a beau avoir une (relativement) bonne mémoire et nos notes pour nous aider, ce genre de situation peut arriver… 

En résumé, accompagner deux personnes qui se connaissent, en particulier si elles sont proches, peut venir perturber le bon et délicat fonctionnement de la thérapie.

Une (toute) petite communauté

Mais comment faire quand lae psy se spécialise dans le travail avec une petite population, comme c’est le cas de la communauté LGBTIQ+ ? Et comment faire quand lae psy fait ellui-même partie de ce groupe ?… Envoyez le générique de Mission Impossible !

Moi qui travaille dans une petite ville, au sein de la communauté queer dont je fais moi-même partie, si je voulais vraiment appliquer à la lettre cette règle… eh bien c’est simple, je n’accompagnerais plus personne. Ce genre de situation demande donc des ajustements, qui doivent être bien réfléchis.

Pour ma part, j’ai décidé de demander directement lors de la prise de contact si la personne qui veut venir chez moi connaît déjà une personne proche que j’accompagne. Je ne lui demande évidemment pas le nom de cette personne, mais j’en discute au cas par cas. Si le lien de proximité est trop prononcé, alors je préfère ne pas prendre cette personne en suivi, pour ne pas risquer des interférences dans son processus thérapeutique, car c’est vite arrivé.

En revanche, si par exemple une vague connaissance de cette personne est suivie par moi, je peux entrer en matière, pour autant qu’il n’y ait pas d’enjeux relationnels croisés, et que ces deux personnes ne prévoient pas d’entrer en relation de façon plus étroite (coucou le polyamour !).

Comment éviter le mélange des genres

Si vous soupçonnez qu’une personne de votre entourage est déjà suivie par lae psy qui vous intéresse, vous avez deux options : la première, la plus simple, est de demander directement à cette personne si c’est bien le cas. Mais parfois ce n’est pas possible, donc direction la deuxième solution, et là je vous préviens c’est digne d’un numéro d’équilibriste…

Vous pouvez alors contacter lae psy en question, en lui transmettant votre interrogation. Là où ça se corse, c’est qu’ielx a l’interdiction (en tout cas en Suisse) de vous révéler qui est saon patient·e·x/client·e·x (vous lae voyez maintenant lae funambule ?…). Vous ne pourrez donc obtenir ni confirmation ni infirmation de sa part, mais vous pourrez discuter avec lae thérapeute pour savoir comment ielx voit les choses et se positionne. Certain·e·x·s seront d’accord d’entrer en matière et d’y réfléchir ensemble, et d’autres préféreront éviter de prendre des risques, et refuseront le suivi.

Autre cas de figure spécifique : vous et une connaissance êtes suivi·e·x par lae même psy. Depuis quelque temps, vous nouez une relation proche, voire intime, avec cette personne. Que faire ? Dans cette situation, je vous conseille d’en parler avec votre partenaire pour savoir si ielx est à l’aise d’en discuter ensemble avec votre psy. Ça vous permettra de prendre la meilleure décision pour votre cas spécifique, en connaissant toutes les variables de l’équation. 

À vous !

Est-ce qu'un imbroglio avec psy en commun vous est déjà arrivé ? Si oui, comment est-ce que ça a été géré ?


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