À quoi ressemble une première séance de thérapie ?

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Résumé: Points de repère pour savoir à quoi s'attendre pour une première séance de thérapie

Contenu sensible: thérapie, choisir un·e·x thérapeute, première séance

Mots-clés: choix première séance questions thérapie

La première séance a une structure commune chez la plupart des psys, mais il y a aussi des particularités chez chacun·e·x. Pour vous expliquer tout ça, je vais vous présenter ma manière de faire, en vous précisant à chaque fois ce que mes collègues sont susceptibles de faire différemment.

Un interrogatoire ?

Beaucoup de gens redoutent la première séance, s’attendant à un interrogatoire en bonne et due forme. Soyons honnêtes, ça peut parfois donner cette impression chez certain·e·x·s psys qui utilisent ce qu’on appelle un canevas de questions : il s’agit d’une liste de domaines au sujet desquels lae psy veut récolter des informations (vos symptômes, votre historique familial, etc.).

Si vous vous sentez inconfortable ou sous pression lors de cette première séance, je vous renvoie à ces quelques conseils pour essayer d’améliorer la situation, voire pour vous protéger si besoin.

En ce qui me concerne, je mets un point d’honneur à ce que la première séance soit avant tout une première rencontre entre deux humain·e·x·s. Évidemment que le contexte est particulier et que je suis en quelque sorte en position « haute » (on est dans mon cabinet, avec mes règles). Mais je fais tout mon possible pour prendre en compte et m’ajuster aux particularités de la personne en face de moi.

Je commence donc toujours par lui demander si l’espace est confortable pour elle ou s’il faut y apporter des ajustements (modifier la lumière, s’asseoir par terre, etc.). Mon but est qu’elle puisse s’approprier l’espace car, après tout, il faut qu’elle s’y sente à l’aise si elle prévoit d’y passer de nombreuses heures au fil des semaines et mois.

Mais, au vu des réactions étonnées des personnes, force est de constater que cette attention est loin d’être systématique chez les psys. Ne vous y attendez donc pas, et osez demander vous-même les ajustements dont vous avez besoin pour être confortable.

La structure du premier entretien

La structure générale que j’utilise est la suivante : je me présente, j’explique comment je travaille, puis j’invite la personne à me dire pourquoi elle est là et ce qu’elle attend du processus. Enfin, je prends un temps pour savoir si elle souhaite s’engager en thérapie avec moi, et nous regardons les aspects logistiques.

Cette structure est globalement partagée par mes collègues. La première séance dure généralement entre 50mn et 1h30 selon les thérapeutes. Si lae psy travaille avec plusieurs personnes (« thérapie de couple », « thérapie de famille »), alors on essaie de faire en sorte qu’elles soient toutes présentes lors de la première rencontre.

Un indispensable éthique : se présenter

Nous les psys, nous avons tellement l’habitude de ce rituel que nous ne réalisons pas toujours à quel point ça peut être stressant pour la personne qui vient nous consulter : il faut trouver le cabinet, arriver en-avance-mais-pas-trop-non-plus, attendre que lae psy apparaisse et appelle votre nom, faire sa connaissance et apprivoiser son cabinet, se présenter en disant les « bonnes » choses qui vont lui permettre de faire son diagnostic, etc.

Fondamentalement, on arrive dans un endroit inconnu et on rencontre une personne inconnue à laquelle on est censé·e·x·s dévoiler nos malheurs.

(Vous aussi vous avez arrêté de respirer là ?)

Pour lui laisser le temps d’atterrir et de se familiariser avec les lieux et avec moi, je propose toujours à la personne de commencer par me présenter. Je lui donne mon prénom et mon nom, mon pronom et mes accords. Je lui transmets quelques informations sur moi en tant que personne (notamment mon genre, ma neurodivergence). Je lui dis ma profession et mon rôle au sein du cabinet (par exemple est-ce que je prescris des médicaments ou non). Enfin je lui explique les approches que j’utilise et à quoi ça ressemble en séance. Et je termine toujours en lui disant que ses questions, y compris personnelles, sont les bienvenues à tout moment (et que je me réserve le droit de ne pas y répondre selon la demande).

Pour moi, se présenter ainsi est un impératif éthique : si je demande à la personne de se confier à moi, alors j’estime que je dois aussi lui donner des informations me concernant. Pour qu’elle sache à qui elle a affaire, et comment je travaille. Pour lui permettre de faire un choix éclairé pour sa thérapie.

Malheureusement, nombre de psys ne donnent que des informations très générales (nom, profession, nom de l’approche théorique). Or vous avez le droit de savoir à quoi vont ressembler les séances de thérapie avant de vous engager, donc n’hésitez pas à poser des questions à votre thérapeute.

La liberté de se présenter

Il est courant que les psys vous demandent de vous présenter sous l’angle du Problème : « qu’est-ce qui vous amène ici ? », « quels sont vos symptômes ? »

S’il est bien sûr important de parler de ce qui est douloureux, ces questions nous amènent à faire la connaissance de la personne uniquement dans le champ d’action du Problème. Ça donne même parfois l’impression qu’il est omniprésent et tout-puissant. On étouffe.

Quant à moi, je préfère proposer à la personne de se présenter comme elle le souhaite, en disant ce qu’elle veut et en évitant le reste. Je ne m’intéresse pas qu’au Problème qui l’amène à consulter, mais j’essaie de la voir, elle, comme personne. Parfois même, je lui demande ce qui l’intéresse dans la vie, ce qui la fait vibrer. Tout ça m’aide à percevoir ses forces et ses ressources, qui vont nous être très utiles dans la thérapie.

J’essaie donc d’avoir d’elle un portrait nuancé et riche, j’évite de l' »aplatir » (comme dit Charlie Crettenand, mon binôme de formation).

Les attentes : se projeter vers le futur

Une étape importante de la première séance est de demander à la personne ce qu’elle attend de la thérapie, quels résultats elle souhaite obtenir, ce qu’elle aimerait voir changer.

J’utilise parfois même la question qui est connue comme « la question-miracle » de Steve de Shazer. La voilà : « Imaginez que vous allez vous coucher ce soir, et demain vous vous réveillez, et là vous réalisez que tous vos problèmes ont disparu. À quoi vous allez le remarquer ? Qu’est-ce qui sera différent ? Qu’est-ce qui aura changé dans votre vie ? »

S’intéresser à ça permet d’avoir une idée plus précise de la direction à adopter. Ça permet aussi à la personne de se projeter dans un futur plus épanouissant, en commençant déjà à activer ses ressources en imagination, ce qui va l’aider par la suite dans la réalité.

La fin de la séance

Dans la dernière partie de la séance, je prends un temps avec la personne pour voir si elle a des questions, et pour lui demander comment elle a vécu cette première rencontre. Je lui demande si elle sait déjà si elle veut reprendre rendez-vous, ou s’il lui faut un peu de temps pour poser les choses tranquillement avant de prendre une décision.

Si elle souhaite démarrer une thérapie, nous regardons ensemble les aspects logistiques (fréquence et durée des séances, créneau, etc.).

Sachez que certain·e·x·s psy ne prennent pas forcément ce temps de débriefing pour savoir comment ça s’est passé pour vous, et partent du principe que vous voulez reprendre rendez-vous. Dans ce cas, n’hésitez pas à dire que vous avez besoin de temps pour réfléchir, votre psy ne devrait pas le prendre mal car c’est votre droit (si ça se passe mal, eh bien tirez-en les conclusions qui s’imposent…).

Dans tous les cas, vous devriez sortir de cette séance en étant certes chamboulé·e·x (ça arrive souvent), mais pas mal à l’aise. Si c’est le cas, il faut soit prendre le temps de clarifier certains points avec votre (peut-être) futur·e·x thérapeute, soit en choisir un·e·x autre.

À vous !

Et vous, à quoi a ressemblé votre première séance de thérapie ? Est-ce que vous avez des conseils pour bien la vivre ?


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