Comment savoir si un·e·x psy est safe ?

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Résumé: Signaux à observer pour reconnaître les psys safe et pas safe

Contenu sensible: thérapie ; attitudes transphobes ; mégenrage

Mots-clés: mégenrage safe thérapie transphobie

Note préalable : cet article se concentre sur les personnes queers (et en particulier trans), mais la plupart des choses sont probablement valables pour d’autres formes de minorisation.

La plupart des psys ne sont pas formé·e·x·s pour accompagner les personnes queers. On peut le regretter (oh que oui), mais c’est un fait, et il va falloir faire avec. Donc plutôt que de se résigner à être suivi·e·x par un·e·x thérapeute complètement inadéquat·e·x (si c’est votre cas : courage), voilà quelques points de repère pour vous permettre d’identifier si un·e·x psy est safe ou non.

Safe : un ressenti

Pour moi, le terme « safe » fait référence à un ressenti : un endroit ou une personne sont safe quand on se sent à l’aise, confortable, en sécurité. Quand on peut totalement être soi-même sans avoir peur d’être jugé·e·x ou discriminé·e·x.

Petit-point-de-détail-mais-qui-pour-moi-n’en-est-pas-un : je ne crois pas qu’une personne puisse se déclarer elle-même comme étant safe. Elle peut certes avoir l’intention de l’être, mais ce sont les personnes minorisées qui vont pouvoir dire si, dans un contexte donné, elle l’est ou non. Et elle peut être safe pour une personne dans une certaine situation, et pas du tout pour une autre.

Quelques éléments à observer avant de choisir un·e·x psy

Avant de vous engager à prendre un premier rendez-vous, observez et posez des questions. Rien n’est rédhibitoire en soi, c’est à vous de juger, mais ça vous donnera déjà quelques points de référence pour faire un choix éclairé. 

Voilà une liste de quelques éléments auxquels porter attention quand vous prospectez pour trouver un·e·x psy : 

  • Quel langage ielx utilise sur son site ? Le langage inclusif indique souvent une sensibilisation aux questions féministes, mais son absence peut juste trahir une forme d’habitude ;
  • Est-ce que son profil mentionne les personnes LGBTIQ+ ? C’est rarement le cas, mais si ielx travaille avec d’autres types de populations minorisées, ça peut déjà être une bonne indication sur sa capacité à s’adapter à différents publics
  • Est-ce qu’ielx se présente de façon située (c’est-à-dire en explicitant ses différentes identités et appartenances) ? Là, on entre dans le domaine du ultra-rare, niveau licorne, mais on ne sait jamais… ;

Il est fort probable (genre vraiment) que, en lisant son profil, vous ne sachiez pas encore si vous allez pouvoir faire confiance à cette personne. Dans ce cas, posez-lui quelques questions pour savoir comment elle pourrait vous accompagner. Même si votre demande ne concerne pas explicitement votre identité queer ou trans, je vous conseille de lui demander sa vision du sujet, pour savoir si vous allez pouvoir en parler librement ou pas. Sachez que la plupart des psys cherchent à bien faire, mais qu’ielxs ne sauront peut-être pas réellement répondre à vos questions. Ce n’est pas rédhibitoire en tant que tel, l’important est qu’ielx soit d’accord d’en parler avec vous pour voir si c’est la bonne personne pour vous accompagner ou non. 

Voici quelques exemples de questions : 

  • « Est-ce que vous avez de l’expérience avec les personnes queers ? » ;
  • « Est-ce que vous êtes formé·e·x ou vous allez le faire ? » ;
  • « Comment est-ce que vous voyez la transidentité ? » ;
  • « Comment est-ce que vous me proposez de travailler sur les oppressions que je vis ? » ; 
  • « Si je souhaite transitionner, est-ce que vous allez m’accompagner ? »

La première rencontre : écoutez votre ressenti

Maintenant que vous avez fait le choix de rencontrer un·e·x psy, il est impératif d’écouter votre ressenti pendant la première séance. 

C’est toujours un moment particulier et stressant, vous ne serez probablement pas tout de suite à l’aise pour lui faire confiance, c’est normal. Mais essayez de sentir si ça serait possible dans le futur, et si vous pourriez vous sentir à l’aise d’évoquer votre identité queer. C’est normal que vous ne sachiez pas tout de suite répondre à ces questions, vous pouvez donc attendre encore quelques rendez-vous avant de refaire le point.

Parler de votre première séance avec un·e·x proche, surtout si ielx est aussi queer, peut être hyper aidant pour clarifier ce qui s’est passé et comment vous vous êtes senti·e·x. N’hésitez pas à en parler à d’autres personnes de la communauté queer, ielxs auront sûrement des bonnes réflexions, voire des super adresses, à vous transmettre.

Red flags

Faire confiance à votre ressenti, c’est bien, mais avoir des points de repère concrets, c’est… bah c’est bien aussi. Voilà donc une liste de quelques « red flags », c’est-à-dire des attitudes de votre psy qui ne sont pas safe du tout, voire même dangereuses. 

À noter que c’est une liste très subjective, vous pouvez donc la modifier selon votre propre sensibilité.

  • ielx vous mégenre très fréquemment, sans même se corriger, réagit mal quand vous lae corrigez, ou dramatise la situation en mettant le focus sur ellui (c’est la fameuse tirade « oui mais vous savez c’est compliqué pour moi, faut me comprendre, je vais sûrement encore me tromper donc faudra m’excuser blablabla ») ; 
  • vous sentez qu’ielx considère votre identité queer comme quelque chose de déviant, de « non naturel », et cherche à vous pathologiser ; 
  • ielx vous propose de faire des séances de « méditation/relaxation guidée » pour vous « reconnecter avec votre corps », sans prendre en compte l’existence de la dysphorie, et persévère là-dedans ; en cas de doute, demandez-lui ses intentions derrière le fait de vous proposer cet exercice, et refusez-le si vous ne le sentez pas ; rappel important : la dysphorie ne peut pas disparaître juste avec des séances de méditation ! ;
  • ielx exige plusieurs mois de suivi avant de vous donner l’attestation pour la transition médicale, sans vous expliquer pourquoi, ou en vous donnant des explications floues ; il faut savoir que les Standards de Soin de l’Association Mondiale des Professionnel·le·x·s de la Santé des Personnes Trans (WPATH) n’exigent aucunement un nombre minimum de séances ;
  • ielx met en doute votre vécu, vous dit que « vous exagérez », que « vous êtes trop sensible », plutôt que de travailler ensemble sur des moyens pour vous aider à vous protéger des discriminations que vous subissez.

Feux clignotants

Pour moi, le feu clignotant correspond à des attitudes problématiques, mais qui ne sont pas forcément rédhibitoires (tout dépend toujours de votre sensibilité). En effet, j’ai vu beaucoup de collègues très bien intentionné·e·x·s faire des erreurs, souvent par méconnaissance, mais l’important est qu’ielxs ne les reproduisent pas et se corrigent rapidement.

En voici une liste, toujours subjective : 

  • ielx vous mégenre de temps en temps, mais se corrige simplement et rapidement ;
  • ielx vous demande de lui expliquer un terme ; faites-lui remarquer qu’ielx peut aller chercher la définition, mais que vous pouvez lui dire ce que ça veut dire pour vous ; le but est de lui faire comprendre de ne pas vous faire porter la charge pédagogique ; observez alors par la suite si ielx reproduit ce même comportement ; 
  • ielx vous dit « je ne fais pas de différence entre fonction de votre sexualité… » ; ça part d’une bonne intention, mais c’est oublier que les personnes minorisées font face à des difficultés spécifiques qui ont des impact négatifs sur leur santé ; un suivi approprié prend donc en compte l’effet des oppressions sur vous ; vous pouvez essayer de lui expliquer ça et voir comment ielx réagit.

Feux verts

C’est bien beau de donner des points de repère de l’enfer, mais comment est-ce qu’on sait quand tout est ok ? (bon, peut-être pas tout non plus, on reste humain·e·x·s ein)

Voilà des attitudes qui vous indiquent que votre psy est au top (oui ça existe aussi !) : 

  • ielx ne vous mégenre pas, ou très peu ; quand ça arrive, ielx s’excuse simplement, se corrige, passe à autre chose, et faire mieux par la suite ;
  • ielx est à l’écoute de votre vécu, note les termes qu’ielx ne connaît pas et va faire ses propres recherches pour ne pas vous faire porter le poids de la pédagogie ;
  • ielx prend en compte les oppressions que vous vivez, et réfléchit avec vous à des moyens de vous en protéger ;
  • ielx se forme et se fait superviser régulièrement par des spécialistes, pour vous accompagner au mieux avec vos spécificités et dans les difficultés que vous rencontrez.

À vous !

Et vous, quels signes vous utilisez pour reconnaître les psys safe ? Si vous en avez d'autres, n'hésitez pas à les partager !


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