La thérapie est en soi une forme de rituel : les mêmes personnes se donnent rendez-vous semaine après semaine au même endroit, à une heure définie, s’assoient à la même place, et parlent ensemble pendant environ une heure, avant de se séparer jusqu’à la prochaine fois.
Et si je vous disais qu’on peut augmenter considérablement le pouvoir de ce rituel… en y ajoutant d’autres rituels créés sur mesure ? En effet, la façon dont on prépare sa séance peut la rendre plus efficace, plus impactante. Et ce qu’on fait en sortant permet de mieux intégrer les prises de conscience et de mieux vivre la thérapie dans son ensemble.
Quelle est votre vision de la thérapie ?
Pour trouver des rituels adaptés à votre situation, demandez-vous d’abord à quoi ressemble et sert la thérapie pour vous : est-ce que c’est une routine pour venir déposer ce que vous ressentez chaque semaine ? est-ce que c’est plutôt une démarche à durée limitée pour régler un problème défini ?
Demandez-vous aussi l’énergie que vous souhaitez et pouvez mettre dans votre suivi : est-ce que vous préférez ne pas y penser activement entre les rendez-vous et voir ce qu’il en ressortira le jour J ? ou est-ce que vous travaillez entre les séances et arrivez à votre rendez-vous en étant dans les starting blocks ?
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, car tout ça dépend notamment aussi du temps et de l’énergie que vous avez à donner à ce processus, et de la méthode de votre thérapeute (certain·e·x·s vous donnent des exercices à faire entre les séances, et d’autres non).
La façon de considérer la thérapie varie aussi selon les phases de la thérapie. Par exemple, il est possible qu’au début, vous ayez souvent besoin de débriefer vos rendez-vous avec un·e·x proche, pour comprendre comment vous vous sentez dans cette nouvelle relation, pour savoir si vous pouvez faire confiance à votre thérapeute, ou encore pour sentir si vous osez demander d’ajuster certains éléments du suivi.
Se préparer à sa séance
Dans mon expérience, préparer sa séance en vaut la peine (bon, je ne parle pas non plus une présentation powerpoint !).
Ça peut prendre différentes formes : certaines personnes écrivent ou dessinent entre les séances, pour se souvenir des événements importants et de ce qu’elles ont ressenti, et arrivent à leur rendez-vous avec leurs notes. D’autres personnes se remémorent la séance précédente et repartent depuis ce point. Vous pouvez d’ailleurs demander à votre thérapeute de vous résumer à sa façon la dernière séance, ce qui vous permettra de comparer avec vos souvenirs.
Rien ne vous oblige à préparer votre rendez-vous, mais je trouve que les séances sont généralement plus riches quand les personnes arrivent avec un sujet ou une envie spécifique. Ça peut être de débriefer la séance précédente, de parler des changements observés pendant la semaine, de raconter un événement particulier, etc. J’observe que ça permet de garder un fil conducteur et d’avancer souvent plus rapidement.
La salle d’attente, ce merveilleux espace pour réfléchir
Si votre thérapie est en présentiel, la salle d’attente est un super endroit pour préparer ou finir de préparer ce que vous voulez aborder avec votre psy : relire vos notes, vous remémorer la dernière séance, synthétiser les sujets importants et en choisir un en particulier.
Prenez aussi le temps de faire quelques respirations, ça vous permettra d’atterrir depuis votre quotidien, et de vous mettre en condition pour votre séance. Personnellement, j’aimais profiter de mon passage aux toilettes pour avoir un moment tranquille de recentrage sur moi.
Certaines personnes profitent aussi de leur trajet pour se conditionner pour leur rendez-vous. Beaucoup de personnes trouvent que l’idéal est de marcher pendant quelques minutes avant de se rendre au cabinet.
Et si votre thérapie est en ligne ?
Pas de panique, avec quelques ajustements vous pourrez vous aussi vous créer votre propre salle d’attente. Pour commencer, suivez ces quelques conseils pour aménager chez vous un espace propice à la thérapie.
Ensuite, programmez un rappel quelques minutes avant votre séance, idéalement 20-30 minutes avant. Ça vous permettra de terminer ce que vous étiez en train de faire, et de vous mettre doucement en condition pour votre séance.
Pour vous aider à faire la transition entre votre quotidien et votre thérapie, allez faire un mini-tour dans le quartier, faites quelques étirements ou respirations, ou encore buvez un grand verre d’eau. Et n’oubliez pas d’aller aux toilettes, c’est un grand classique (si si, je vous jure).
Créer un sas de décompression
Après la séance, il est souvent utile de prendre un moment pour résumer ce qui vient de se passer. En effet, quand les choses sont intenses et qu’on est activé·e·x émotionnellement, il est parfois difficile de se souvenir de tout.
Vous pouvez prendre un temps dans la salle d’attente en sortant, ou dès que vous rentrez chez vous, pour prendre des notes ou dessiner ce qui vient de se passer. Pas besoin de noter tous les détails, contentez-vous des points les plus importants : un déclic que vous avez eu, une émotion intense, une phrase que votre psy a dite, un exercice intéressant à faire. Ça va aussi vous servir dans les moments où vous avez l’impression que rien n’avance.
Apprendre à gérer la gueule de bois émotionnelle
La « gueule de bois émotionnelle » est un phénomène bien connu : c’est une impression de flotter, de ne plus être synchronisé·e·x avec le monde autour de vous, qui survient après certaines séances particulièrement intenses. Ça peut être plus ou moins intense, et durer de quelques minutes à quelques jours.
Souvenez-vous que la thérapie est un moment particulier, où on se livre à une autre personne en toute honnêteté, ce qui implique parfois d’ouvrir la porte à des émotions intenses et douloureuses. On pourrait comparer ces moments à des états de transe passagers. C’est alors important d’arriver à revenir à la réalité doucement mais sûrement.
Prendre soin de soi après une séance de thérapie
Je vous conseille de créer un rituel pour faire la transition de votre séance à votre quotidien le plus sereinement possible. C’est d’autant plus important si vous retournez au travail après.
La première étape est de sentir ce dont vous avez besoin : est-ce que vous avez envie de vous activer, de bouger ? Si c’est le cas, voilà quelques idées : faites quelques postures de yoga tonique, écoutez de la musique énergisante, sentez des huiles essentielles dynamisantes (épinette noire ou pamplemousse, par exemple), allez courir ou marcher vite, voire même enchaînez avec une séance de sport.
Est-ce qu’au contraire vous avez plutôt besoin d’un temps calme pour vous recentrer ? Vous pouvez prendre quelques respirations profondes, vous étirer doucement, vous préparer une boisson chaude, prendre une douche ou un bain chaud, écouter de la musique douce, lire, aller vous promener dans un endroit calme.
Constituez-vous une panoplie de mini-rituels qui vous parlent, que vous pourrez mobiliser selon vos besoins après chaque séance.