Comment aider un·e·x proche qui ne va pas bien ?

Infos pratiques:

Résumé: Conseils pour apprendre à soutenir un·e·x proche qui ne va pas bien, en particulier si ielx refuse de se faire aider

Contenu sensible: thérapie ; aide non sollicitée

Mots-clés: aide proche soutenir thérapie

Tout le monde a déjà un jour entendu dire que « on ne peut pas aider quelqu’un·e·x qui ne veut pas être aidé·e·x ». Eh bien… c’est vrai. Le risque serait de tomber à côté avec vos conseils, de braquer la personne, et aussi de vous épuiser.

Alors quoi, on ne fait rien et on laisse notre proche souffrir sans rien faire ?! Évidemment que non. Dans cet article, je vais vous donner des conseils pour lui dire votre inquiétude et faire des propositions pour l’aider, tout en respectant ses limites.

Une précision importante toutefois : si vous craignez que votre proche soit un danger pour sa propre vie ou celle des autres, appelez sans hésiter le numéro des urgences psychiatriques ou des urgences générales, qui saura vous conseiller pour la suite.

Spoiler alert : vous ne pouvez pas sauver le monde entier

La première chose à faire est d’accepter que vous ne pouvez pas sauver votre proche, peu importe combien vous vous agitez dans tous les sens pour lui trouver LA solution miracle. Par contre, vous pouvez l’aider en lae soutenant et l’accompagnant pour trouver les options qui lui conviennent vraiment.

Pour aider à engager le dialogue, dites-lui ce que vous observez et ressentez. Voilà un exemple : « j’ai l’impression que tu as de plus en plus de mal à faire des choses et à sortir de chez toi, même quand je te propose un ciné, et ça me fait de la peine et je m’inquiète de te voir comme ça. »

Cette approche, inspirée des principes de la Communication Non Violente, permet d’exprimer votre inquiétude avec bienveillance et sans culpabiliser la personne. Le but n’est pas de la harceler, mais de lui signaler que vous faites attention à elle, que vous remarquez son mal-être.

Surtout, ne la forcez pas à vous dire ce qui ne va pas, vous risqueriez d’empirer les choses. C’est particulièrement vrai si la personne se questionne sur son orientation sexuelle et/ou son identité de genre, qui sont des sujets très délicats. Laissez-lui la possibilité d’en parler à d’autres personnes, ami·e·x·s ou professionnel·le·x, et de venir vers vous quand elle sera prête.

Proposer votre aide, et non pas l’imposer

Vous pouvez ensuite enchaîner en lui disant que vous êtes disponible pour l’aider dans ce qu’elle traverse. Voilà à quoi ça peut ressembler : « j’aimerais pouvoir t’aider, mais je ne sais pas ce qui serait bien pour toi donc n’hésite pas à me faire signe pour en discuter ensemble quand ça sera le moment pour toi. »

Même avec les meilleures intentions du monde, il est possible que votre proche ignore votre intervention. C’est normal et courant : nous vivons dans une société qui nous apprend que traverser des difficultés dans sa santé psychique est une marque de vulnérabilité, voire un aveu de faiblesse.

Faites-lui comprendre de temps en temps que vous êtes là pour elle, sans la harceler. Les choses prendront probablement du temps, voire beaucoup de temps. Surtout ne la culpabilisez pas (« tu pourrais te bouger quand même ») : rappelez-vous qu’elle fait déjà de son mieux.

Aidez-la à s’aider

Si vous sentez que votre proche commence à être réceptif·ve·x, alors vous pouvez délicatement lui demander si ielx sait ce qui pourrait l’aider. Les personnes sont souvent démunies, donc c’est rarement le cas. Alors rassurez la personne en lui disant que c’est normal et que vous allez regarder ça ensemble si ielx est d’accord.

Je vous propose deux outils qui peuvent aider à clarifier ce que la personne ressent et ce dont elle aurait besoin.

Le premier est une roue des émotions (un exemple ici). Ça permet d’aider à identifier les sensations, les émotions puis les besoins, pour mettre des mots sur ce qui se passe.

Pour avoir des pistes plus précises, je trouve utile de travailler avec un jeu de cartes des besoins (un exemple ici). Dans notre société, personne ne nous apprend à identifier précisément ce dont nous avons besoin pour vivre confortablement. Ces cartes vous aident à savoir ce qu’il vous faut pour aller mieux.

Ces deux outils peuvent vous aider à clarifier la situation pour mieux orienter la personne vers une aide appropriée. En effet, il n’y a jamais une solution unique en mode passe-partout. Il vous faudra réfléchir ensemble pour trouver les options qui sont les plus appropriées. 

Je vous donne trois exemples : si la personne se sent seule et a besoin de contact et de chaleur humaine, alors pourquoi pas organiser ensemble une activité qui lui fasse plaisir mais ne soit pas trop envahissante. Ou alors, si elle se sent démunie et angoissée, et qu’elle ressent le besoin d’être écoutée et rassurée, alors vous pouvez lui proposer de chercher ensemble un·e·x psy particulièrement bienveillant·e·x pour l’aider. Ou encore, si elle est agitée et souvent en colère, et qu’elle a besoin d’évacuer ses émotions, vous pouvez aller vous défouler ensemble en courant ou en prenant un cours de kick-boxing, ou encore chercher un·e·x sophrologue pour apprendre des techniques de respiration.

Évitez donc de suggérer systématiquement et tout de suite d’aller consulter un·e·x psy, car c’est intimidant pour beaucoup de personnes et ça peut les bloquer. Il vaut la peine de brainstormer toutes sortes d’options, jusqu’à trouver la bonne combinaison.

En revanche, si la personne semble intéressée par la thérapie, et si vous-même vous avez vu un·e·x psy un jour, n’hésitez pas à lui raconter votre expérience et lui dire en quoi ça vous a aidé. Ça permet de diminuer l’impact des préjugés, et de l’aider à se projeter dans cette démarche pour savoir si c’est une bonne idée pour elle ou non.

Aidez-vous à l’aider

Il est souvent éprouvant de voir un·e·x proche souffrir, en particulier si ielx ne souhaite pas se faire aider. On peut alors se sentir impuissant·e·x, démuni·e·x, voire inutile.

Bon, c’est le moment du cliché, vous êtes prêt·e·x·s ? 

« Quand l’avion est en train de se crasher, on met son masque à oxygène en premier avant d’aller aider les autres. »

Ah je vous avais prévenu·e·x·s, c’est du cliché de compétition. Et en même temps c’est tellement vrai ! À force de vous agiter dans tous les sens pour essayer d’aider votre proche, vous allez finir par vous épuiser, et ça ne rendra service à personne. Ni à vous, ni à votre proche, ni à vos proches à vous.

Veillez donc à maintenir votre propre équilibre et à bien prendre soin de vous. Parfois, ça peut inclure le fait d’avoir votre propre suivi (psycho)thérapeutique pour parler de la situation et essayer de gérer tout ça au mieux. Ça ne fait pas de vous un·e·x ami·e·x ou parent indigne vis-à-vis de votre proche. Au contraire, vous montrez en quelque sorte l’exemple en respectant vos besoins.

En route vers la thérapie

Si votre proche semble ouvert·e·x à l’idée de débuter une thérapie, alors demandez-lui si ielx souhaite de l’aide pour chercher un·e·x psy. Ce n’est pas toujours facile de trouver la perle (rare ?) donc toute aide est souvent la bienvenue pour faire marcher le réseau.

Ensuite, si ielx le souhaite, vous pouvez l’aider à se préparer pour la première séance, voire même l’y accompagner pour lae soutenir et débriefer ensuite ensemble.

Enfin, nous les psys oublions trop souvent de solliciter les parents et ami·e·x·s pour créer un réseau de soutien en dehors des séances (dans l’habitat naturel de la personne, quoi). Donc n’hésitez pas à en discuter avec votre proche pour voir si ielx serait d’accord que vous l’accompagniez à une séance, pour voir ce qui pourrait être mis en place pour l’épauler au mieux.

À vous !

Et vous, est-ce qu'on vous a déjà donné des conseils à côté de la plaque ? Qu'est-ce que vous auriez préféré comme approche ? Qu'est-ce qui vous a aidé ?